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Découvrez cet aventurier qui a traversé l’Alaska, seul et en autonomie totale

Eliott Schonfeld n’est pas un simple voyageur, il est un aventurier. Il est de cette poignée d’explorateurs en quête d’inconnu, de mondes vierges et de retour à l’essentiel pour être seul face à la planète, à la nature pour oser s’y fondre et réussir à s’y adapter.

Après une traversée de 2 000 km à travers la Mongolie en solitaire, en 2015, c’est vers l’Alaska qu’Eliott Schonfeld a retrouvé l’aventure et le défi, à l’été 2016. Un périple de trois mois dans le brut et le sauvage, 1 800 km de canoë suivis de 900 km de marche à travers la toundra et les montagnes, pour rejoindre l’Océan Arctique. Un homme seul, en autonomie totale pour un parcours encore jamais réalisé auparavant. Une aventure fabuleuse, primaire, celle d’une reconnexion totale entre l’homme et la nature, avec ses beautés et ses dangers.

 

J’ai eu la chance de rencontrer Eliott Schonfeld qui m’a raconté son voyage. Ses mots et ses images nous laissent en totale admiration, transpirent sa passion pour la nature, les animaux, la route.

Salut Eliott ! D’abord, c’est quoi ton rapport à la nature ?

J’ai grandi dans un milieu urbain. Je considérais la ville comme mon milieu naturel jusque encore très récemment. Donc quand je me rends dans une nature sauvage, c’est toujours un choc. Ce n’est pas juste un changement de paysage ou de lieu, c’est un changement de paradigme, dans la manière de penser, d’agir, de comprendre ce qui nous entoure et de concevoir notre place.

 

En 2015, tu as traversé la Mongolie. Pourquoi avoir choisi l’Alaska pour cette nouvelle aventure ?

Je voulais partir en Alaska parce que c’est un des derniers territoires véritablement sauvages du monde. C’est un territoire immense et très peu habité par les hommes. Là-bas la nature est authentique, intouchée, les infrastructures humaines sont rares.

Je voulais fuir la société moderne et me rendre dans son exact opposé, à savoir la nature sauvage, pour voir si je parvenais à survivre plusieurs mois hors de la modernité, si je pouvais m’adapter à ce nouveau milieu, si je pouvais devenir autonome et parvenir à faire tout avec ce qui se trouve dans la nature. Dans le grand nord, la diversité des paysages, de la faune, de la flore, est hallucinante. Il y a tout, des montagnes, des plaines, des rivières, des lacs, des forêts, la toundra… C’est magnifique.

 

Tu t’es fixé des objectifs ? Des contraintes ?

Le but de ce voyage était de me fondre dans la nature, alors je me suis fixé quelques règles :

Premièrement, je n’avais pas le droit de suivre de route, de chemin, ni même de sentier de randonnée. Je devais créer mon propre passage et entrer le plus profondément possible dans le sauvage. J’ai donc planifié mon itinéraire là où il n’y avait aucune route, aucune habitation, aucune infrastructure humaine. En Alaska ce n’est pas si dur à trouver.

La deuxième règle était que mon sac devait comporter bien moins de choses que dans mes précédents voyages (fini les réserves de nourriture, les trois pulls, le tapis de sol, le filtre à eau, le réchaud). J’ai éliminé l’utile et n’ai gardé que l’indispensable.

Dans mon sac, je portais : Une tente (que j’ai du rafistoler avec du scotch après l’attaque d’un ours), un duvet, un pull, un briquet, une boussole, des cartes, un GPS, un téléphone satellite, un couteau, un gourde, une gamelle, des livres, un appareil photo, une caméra, un cahier et un crayon. Avec cet équipement, on peut partir quasiment partout pendant plusieurs mois.

Mon objectif dans mes prochaines expéditions est d’apprendre à me passer au fur et à mesure de ces objets en faisant par exemple du feu moi-même, en me taillant une pierre qui fera office de couteau, en construisant des abris pour me passer de la tente…

 

 

Comment tu t’es adapté à si peu ?

Ce changement radical a été très dur dans les premières semaines, puis j’ai commencé à m’adapter, à comprendre comment je devais me comporter pour survivre plusieurs mois ici. Pour la première fois de ma vie, je suis parvenu là-bas à me nourrir par mes propres moyens une grande partie du temps, en pêchant et en cueillant des myrtilles, des groseilles et des champignons. Je faisais des feux la nuit pour me réchauffer, je buvais et me lavais dans les rivières. Pour me déplacer plus facilement, j’ai compris qu’il fallait que je suive les chemins formés par les grizzlys et les caribous dans la forêt.

 

Comment tu organisais tes journées dans ce périple ?

Chaque jour, je pagayais ou je marchais plusieurs heures (un mois et demi de canoë, puis un mois et demi de marche). Le matin et le soir, je faisais une récolte de fruit et dès que j’en avais l’occasion, je pêchais pour attraper mon déjeuner ou mon dîner. Après huit heures à pagayer ou à marcher, je plantais ma tante dans un endroit que j’aimais bien, je faisais un feu pour manger, puis j’allais accrocher toutes mes affaires odorantes (produit moustique, dentifrice, gamelle dans laquelle je cuisine…) au sommet d’un arbre pour ne pas attirer les ours dans mon camp.

 

Être totalement seul face à la nature, c’est quoi les sensations ?

C’était la première fois de ma vie que je me retrouvais aussi longtemps seul dans une nature aussi sauvage. J’avais l’impression de découvrir l’origine du monde, l’origine du vivant. Malgré la faim, la douleur et la fatigue, j’ai réalisé à quel point être là me rendait libre, vivant et heureux. Je n’ai jamais eu le sentiment de survivre mais toujours de vivre pleinement. Mais ça n’a pas été toujours facile…

 

C’est quoi ton pire souvenir de cette aventure ? Ta pire difficulté ?

Il y a eu des moments extrêmement difficiles où j’ai eu envie d’abandonner. Mon pire souvenir, c’est le premier départ de la marche de 900 kilomètres, qui devait me conduire jusqu’à l’Océan Arctique plusieurs semaines plus tard. Juste après avoir effectué 1 800 kilomètres en canoë, j’ai vendu mon embarcation dans le village où je me suis arrêté. J’ai ensuite demandé à un pêcheur de me conduire en bateau 10 kilomètres plus loin, sur la rivière du Yukon où une autre rivière partait vers le Nord. Soit dans ma direction.

Mon idée était de commencer la marche en suivant la rivière qui remontait sur 70 kilomètres. Le pêcheur m’a déposé puis est reparti. Il était déjà tard et j’ai commencé à marcher sur la rive. Très vite, cela est devenu impossible parce que la rive s’est transformée en paroi verticale. J’ai donc escaladé ce mur de terre pour continuer dans la forêt. Là, ça a été l’enfer. Je me suis retrouvé dans une jungle, impossible de poser un pied devant l’autre. Les ronces me griffaient de partout et j’étais dans le noir total. Je tombais sans arrêt, avancer de quelques mètres me demandait un effort immense. Les moustiques étaient partout et ma sueur se mélangeait au sang des piqures. Après 3 heures de marche, j’ai réalisé que je n’avais fait que 2 kilomètres. J’ai décidé d’arrêter et je me suis endormi en espérant que tout cela était un cauchemar.

À mon réveil, j’ai décidé de faire demi-tour pour revenir au village et passer par les montagnes où ça devait être plus facile. J’ai commencé à rebrousser chemin dans cette jungle mais je n’en pouvais déjà plus après une demi-heure. J’ai posé mes affaires sur le bord et j’ai plongé dans la rivière pour la redescendre et atteindre le lieu où le pêcheur m’avait déposé la veille. J’ai nagé pendant 25 minutes dans l’eau froide puis j’ai enfin atteint mon lieu de départ. Là, j’ai du attendre encore deux jours avant qu’un bateau ne passe pour me ramener au village. Trois jours plus tard, je redémarrai enfin la marche et cette fois, je suis parvenu à avancer.

 

Et ton meilleur souvenir ?

J’ai aussi vécu les moments les plus incroyables de ma vie, je pense que mon meilleur souvenir s’est déroulé après environ 3 semaines de marche. J’ai quitté la forêt, puis j’ai fait mes premiers pas dans la toundra, cette partie du monde où il fait si froid que plus aucun arbre n’y pousse. J’ai avancé dans une immense plaine parsemée de mousses et de lichens, de toutes les couleurs imaginables, comme si je marchais sur une peinture, l’horizon dégagé à des kilomètres sur les somptueuses montagnes de Brooks, vers lesquelles je me dirige.

Je marchais quand soudain, une grosse chose m’a extirpé de mes pensées. Un énorme grizzly m’a chargé du haut d’une colline et a foncé vers moi en courant avant de s’arrêter à 10 mètres de distance. Le temps s’est arrêté, j’ai senti mon coeur s’emballer. On s’est regardé pendant environ dix secondes, partagé entre la peur et le bonheur pur, celui de me retrouver à quelques pas d’un des animaux les plus beaux et dangereux que j’ai rencontré. Sans aucun doute les dix secondes les plus intenses de ma vie. Puis il est reparti en courant, comme un enfant ravi de m’avoir effrayé.

 

J’imagine que tu as déjà de nouveaux projets ?

Oui j’en ai déjà plein en tête… Je prépare déjà ma prochaine expédition qui débutera en août : la traversée intégrale de l’Himalaya, du Pakistan au Bhoutan, à pieds et en solitaire. Une aventure de quatre mois et d’environ 4 000 kilomètres. Je m’achèterai un Yak pour m’aider à gravir les cols dans les plus hautes altitudes.

Une expédition polaire se prépare aussi : rejoindre la banquise en chiens de traineau en partant du Québec, puis ensuite, marcher de la banquise jusqu’au pôle Nord en solitaire.

Une des expéditions auxquelles je pense le plus en ce moment est celle qui se passera sur une île déserte du Pacifique Sud : Arriver sur l’île nu avec un seul objet, un couteau, et survivre pendant plusieurs mois sans aucune assistance.

Je veux traverser la cordillères des Andes puis descendre tout le fleuve de l’Amazonie en canoë, j’aimerai aussi traverser l’Antarctique à pieds.

Un autre projet qui me tient vraiment à cœur et de construire avec mes amis une cabane dans le grand Nord pour y vivre une partie de l’année.

Retrouvez le film de cette incroyable aventure à travers l’Alaska

Pour suivre les prochaines aventures d’Eliot Schonfled, rendez-vous sur sa page Facebook et son site internet

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